à propos
L’œuvre de Xarli Zurell irradie par son usage d’une lumière éblouissante et sa représentation de personnages aux allures phosphorescentes.
Ses compositions, tantôt surexposées, à la surface aplanie et aux motifs évaporés dans la matière, tantôt rythmées par des personnages miniatures aux contours étincelants, sont toutes traversées par un manque. L’artiste y parvient avec subtilité en réalisant des oeuvres teintées par des univers dissonants. En effet, si Xarli Zurell collecte des motifs, par la prise de photographies ou par l’appropriation de photo- graphies de ses proches, il n’hésite pas à les détourner de leurs univers d’origine et de leurs essences initiales. En résultent des figures et des objets isolés et rapportés dans de nouveaux décors souvent abstraits et surtout, pleinement dépouillés. Objets, personnages, animaux, traversent l’oeuvre de ce jeune talent et tous sont traités avec la même rigueur d’attention.Tirés de la réalité, ils renaissent dans un nouveau monde : celui de l’artiste.
« Créer des mondes » est à l’origine même de la nécessité créatrice de Xarli Zurell. Alors si l’artiste embrasse pleinement la réalité et puise en elle ses sujets, il ressent toujours le besoin de prendre une certaine distance avec elle, afin de toucher l’essentiel. Par un processus de simplification, Xarli Zurell parvient à altérer le réel et à exalter ses compositions finales par des couleurs expressives. Ses motifs, personnages et objets, deviennent de véritables points de lumières: ce sont de brillants et éblouissants monochrome qui ponctuent ses compositions, venant parfois même gommer les traits des visages de ses figures. Ses personnages et objets, tantôt bleus, rouges ou jaunes, toujours luisants, contrastent avec le chromatisme des décors, faits de strates d’aplats de couleurs, étirés horizontalement ou verticalement. A ce chromatisme dissonant répond un jeu d’échelle déconcertant. Ses personnages de- venus bien trop petits ou alors tenus pleinement à distance avec les proportions du paysage, signalent ici encore que ses motifs, malgré eux, ont été transposés dans un tout autre monde. Saisis à leurs dérobés, ils ne nous regardent jamais. Témoins directs de ce que l’artiste a pu observer, on rencontre à notre tour ces personnages.
Si l’artiste immortalise ces motifs, il ne nous relate jamais leurs contextes originaux. Leurs actions et attitudes sont finalement le seul indice de leur ancienne réalité. Ainsi il est intriguant de voir des personnages masqués évoluant dans un fond unis, ces joueurs de football perdus dans l’immensité des aplats colorés ou encore une jeune femme tenant son appareil photo et isolée dans un paysage rosé. Pleinement en prise avec notre époque, l’artiste est en proie à une toute autre version de celle- ci, où la couleur balaie et aplanit tous les décors existants. (…) A travers le regard de cet artiste attentif, la banalité du quotidien se fait magique et sublime.
Elsa Meunier – Texte d’exposition – Les Sélénites – Galerie Sobering – 2021